Chance
Et
pourtant, nous pouvions ne jamais nous
connaitre
Mon
amour, imaginez-vous
Tout
ce que le Sort dut permettre
Pour
qu’on soit là, qu’on s’aime, et pour que ce soit nous ?
Tu
dis : « Nous étions nés l’un pour l’autre. » Mais penses
A
ce qu’il dut falloir de chances, de concours,
De
causes, de coïncidences,
Pour
réaliser ça, simplement, notre amour !
Songe
qu’avant d’unir nos têtes vagabondes,
Nous
avons vécu seuls, séparés, égarés,
Et
que c’est long, le temps, et que c’est grand le monde
Et
que nous aurions pu ne pas nous rencontrer
As-tu
jamais pensé, ma jolie aventure,
Aux
dangers que courut notre pauvre bonheur
Quand
l’un vers l’autre, au fond de l’infinie nature,
Mystérieusement
gravitaient nos deux cœurs ?
Sais-tu
que cette course était bien incertaine
Qui
vers un soir nous conduisait,
Et
qu’un caprice, une migraine,
Pouvaient
nous écarter l’un de l’autre à jamais ?
Je
ne t’ai jamais dit cette chose inouïe :
Lorsque
je t’aperçus pour la première fois,
Je
ne vis pas d’abord que tu étais jolie.
Je
pris à peine garde à toi.
Ton
amie m’occupait bien plus, avec son rire.
C’est
tard, très tard que nos regards se sont croisés.
Songe,
nous aurions pu ne pas savoir y lire,
Et
toi ne pas comprendre, et moi ne pas oser.
Où
serions-nous ce soir si, ce soir-là, ta mère
T’avait
reprise un peu plus tôt ?
Et
si tu n’avais pas rougi, sous les lumières,
Quand
je voulus t’aider à mettre ton manteau ?
Car,
souviens-toi, ce furent là toutes les causes.
Un
retard, un empêchement,
Et
rien n ‘aurait été du cher enivrement,
De
l’exquise métamorphose !
Notre
amour aurait pu ne jamais advenir !
Tu
pourrais aujourd’hui n’être pas dans ma vie !...
Mon
petit cœur, mon cœur, ma petite chérie,
Je
pense à cette maladie
Dont
vous avez failli mourir…
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