samedi 22 novembre 2014

Ames, Modes, Etc.

Ames, Modes, Etc.

Tu ne serais pas une femme
Si tu ne savais pas si bien
Te faire et te refaire une âme,
Une âme neuve avec un rien.
A ce jeu ta science est telle
Que, chaque fois que je te vois,
Tu fais semblant d’être nouvelle,
Et j’y suis pris toutes les fois.
Tu sais qu’à la fin tout s’use.
Que notre amour est déjà vieux,
Alors, tu triches, tu ruses,
Et tu viens avec d’autres yeux,
Tu rajeunis sous des fourrures
L’éclat trop prévu de ta peau,
Tu renais d’un satin, revis d’une guipure…
Et puis, il y a tes chapeaux !
Je crois découvrir en toi quelque chose
De plus grave, de plus profond.
Et c’est tout simplement à cause
D’un de ces grands chapeaux qui font
Les yeux plus noirs, les joues plus roses,
Et qui cachent si bien les fronts !
Ainsi tu sais, femme mille fois femme,
Dès que tu sens mon amour las,
Te composer un parfum d’âme
Que je ne connaissais pas.
Alors, amoureux, je saccage
Tes lèvres de baisers nerveux.
Je prends dans mes mains ton visage
Et je rebrousse tes cheveux.
Je ris, je suis heureux, je t’aime…
Mais quand j’ai défait les chiffons
Et trouvé tes vrais yeux au fond,
Je vois bien que ce sont les mêmes !
Lorsqu’enfin je tiens dans mes doigts
Sous tes cheveux ta tête nue,
Tristement déçu, je revois
Ton front de la dernière fois :
C’est toujours toi
Qui continues…
Je tâche en vain sous mes baisers de ranimer l’âme éphémère.
C’est fini. Le charme est brisé.

Et tu ressembles à ta mère.

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