XXVI
Distance
Il
m’a troublé comme un enfant
Ton
rendez-vous au téléphone.
J’avais
dit, plus d’une heure avant,
Qu’on
ne laissât entrer personne
Dans
la chambre où j’avais éteint
Pour
t’attendre toutes les lampes.
Je
sentais bourdonner mes tempes.
Et
je n’étais pas bien certain,
Seul
au fond de cette ombre pleine
De
la promesse de ta voix,
Que
je n’allais pas contre moi
Sentir
le vent de ton haleine…
Lorsque
ton brusque appel tinta
Je
crois que mon sang s’arrêté
Dans
mes veines plusieurs secondes…
Puis
tu parlas. Je t’entendis.
Mais
tous les mots que tu me dis
Semblaient
venir du bout du monde.
Elle
avait dû, ta pauvre voix,
Parcourir
d’une seule haleine
Des
collines, des champs, des plaines,
Des
villes, passer sous des bois,
Longer
des fleuves et des routes…
Et
c’était pour cela sans doute
Qu’elle
m’arrivait, cette voix,
Si
changée, si diminuée,
Si
ténue et si dénuée,
Que
ce n’était presque plus toi
Qui
parlais dans la chambre sombre,
Mais
quelque chose comme l’ombre
Ou
le fantôme de ta voix…
Je
m’étais dit, ma chère absente,
Que
je te sentirais penchée
Vers
ma bouche, et sinon présente
Du
moins mille fois plus rapprochée…
Mais
au contraire à ce moment
La
distance semblait accrue
Entre
nous indéfiniment…
Et
soudain tu m’es apparue
Au
bout de ce fil décevant,
Si
désespérément lointaine,
Que
je me suis trouvé, devant
Ce
téléphone, avec ma peine,
Plus
seul et plus perdu qu’avant.
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