XXXII
Finale
Alors,
adieu, Tu n’oublies rien ?... C’est bien. Va-t’en
Nous
n’avons plus rien à nous dire. Je te laisse.
Tu
peux partir… Pourtant, attends encore, attends.
Il
pleut… Attends que cela cesse.
Couvre-toi
bien surtout ! Tu sais qu’il fait très froid
Dehors.
C’est un manteau d’hiver qu’il fallait mettre…
Je
t’ai bien tout rendu ? Je n’ai plus
rien à toi ?
Tu
as pris ton portrait, tes lettres ?...
Allons !
Regarde-moi, puisqu’on va se quitter…
Mais
prends garde ! Ne pleurons pas ! Ce serait bête.
Quel
effort il faut faire, hein ? Dans nos pauvres têtes,
Pour
revoir les amants que nous avons été !
Nos
deux vies s’étaient l’une à l’autre données toutes,
Pour
toujours… Et voici que nous les reprenons !
Et
nous allons partir, chacun avec son nom,
Recommencer,
errer, vivre ailleurs… oh ! Sans doute,
Nous
souffrirons… pendant quelques temps. Et puis, quoi
L’oubli
viendra, la seule chose qui pardonne.
Et
il y aura toi, et il y aura moi,
Et
nous serons parmi les autres deux personnes
Ainsi,
déjà, tu vas entrer dans mon passé !
Nous
nous rencontrerons par hasard, dans les rues.
Je
te regarderai de loin, sans traverser,
Tu
passeras avec des robes inconnues.
Et
puis nous resterons sans nous voir de longs mois,
Et
des amis te donneront de mes nouvelles.
Et
je dirai de toi qui fus ma vie, de toi
Qui
fus ma force et ma douceur : « Comment va-t-elle ? »
Notre
grand cœur, c’était cette petite chose !
Etions-nous
assez fous, pourtant, les premiers jours
Tu
te souviens, l’enchantement, l’apothéose ?
S’aimait-on !
… Et voilà : c’était ça, notre amour !
Ainsi
donc, même nous, quand nous disions « Je t’aime »,
Voilà
donc la valeur que cela a ! Mon Dieu !
Vrai,
c’est humiliant. On est donc tous les mêmes ?
Nous
sommes donc pareils aux autres ?... Comme il pleut !
Tu
ne peux pas partir par ce temps… Allons, reste !
Oui,
reste, va ! On tâchera de s’arranger,
On
ne sait pas. Nos cœurs, quoiqu’ils aient bien changé,
Se
reprendront peut-être au charme des vieux gestes.
On
fera son possible. On sera bon. Et puis,
On
a beau dire, au fond, on a des habitudes…
Assieds-toi,
va ! Reprends près de moi ton ennui.
Moi
près de toi je reprendrai ma solitude.
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