samedi 23 novembre 2013

Toi et Moi Distance

XXVI
          Distance


Il m’a troublé comme un enfant
Ton rendez-vous au téléphone.
J’avais dit, plus d’une heure avant,
Qu’on ne laissât entrer personne
Dans la chambre où j’avais éteint
Pour t’attendre toutes les lampes.
Je sentais bourdonner mes tempes.
Et je n’étais pas bien certain,
Seul au fond de cette ombre pleine
De la promesse de ta voix,
Que je n’allais pas contre moi
Sentir le vent de ton haleine…
Lorsque ton brusque appel tinta
Je crois que mon sang s’arrêté
Dans mes veines plusieurs secondes…
Puis tu parlas. Je t’entendis.
Mais tous les mots que tu me dis
Semblaient venir du bout du monde.
Elle avait dû, ta pauvre voix,
Parcourir d’une seule haleine
Des collines, des champs, des plaines,
Des villes, passer sous des bois,
Longer des fleuves et des routes…
Et c’était pour cela sans doute
Qu’elle m’arrivait, cette voix,
Si changée, si diminuée,
Si ténue et si dénuée,
Que ce n’était presque plus toi
Qui parlais dans la chambre sombre,
Mais quelque chose comme l’ombre
Ou le fantôme de ta voix…
Je m’étais dit, ma chère absente,
Que je te sentirais penchée
Vers ma bouche, et sinon présente
Du moins mille fois plus rapprochée…
Mais au contraire à ce moment
La distance semblait accrue
Entre nous indéfiniment…
Et soudain tu m’es apparue
Au bout de ce fil décevant,
Si désespérément lointaine,
Que je me suis trouvé, devant
Ce téléphone, avec ma peine,
Plus seul et plus perdu qu’avant.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire